“J’ai honte” : au procès des dealers de Pierre Palmade, de la coke et des regrets

Pierre Palmade - photo AFP

Auteur: Paul Conge

Qui a fourni à Pierre Palmade les drogues qu’il consommait dans ses orgies avant l’accident du 10 février ? Ce 20 novembre, à Melun (Seine-et-Marne), deux trafiquants sans grande envergure ont été condamnés à des peines de prison relativement légères, pour avoir fourni à l’humoriste de la cocaïne et de la 3-MMC. Un troisième homme a été relaxé.

C’est la petite affaire dans la grande. Le 10 février, Pierre Palmade causait un terrible accident de la route sur une départementale de Seine-et-Marne . Défoncé à la cocaïne et à la 3-MMC, l’humoriste s’assoupissait soudain au volant de sa voiture et percutait celle arrivant en face. Trois personnes étaient gravement blessées dans la collision, dont une femme enceinte, qui perdait son bébé. Émoi national. Deux jours plus tard, les gendarmes de Fontainebleau retrouveront dans le pavillon de l’humoriste, à Cély-en-Bière (Seine-et-Marne), à quelques kilomètres de là, les vestiges d’un week-end de débauche : restes de poudre blanche, seringues usagées partout dans la maison… Cette « affaire Palmade » a révélé au grand jour les démons de l’humoriste, accro à la coke depuis trente ans , mais aussi adepte effréné du chemsex, le sexe sous l’emprise de drogues. Au-delà des dégâts irréparables infligés par l’accident, la justice a enquêté sur un autre volet : qui, au juste, fournissait à Pierre Palmade les doses de stupéfiants indispensables à ses orgies ?

Huit mois après l’accident, les gendarmes de Fontainebleau sont parvenus à mettre la main sur ses fournisseurs. Selon l’exploitation de son téléphone, l’humoriste sollicitait régulièrement deux dealers dans les jours précédant l’accident : un pour la cocaïne, surnommé dans son répertoire « Ben Winterfell », et un autre pour la 3-MMC (une drogue de synthèse sexuellement stimulante, dérivée des feuilles de khat), enregistré lui au nom de « Max Chinois ». « Je faisais du chemsex une fois par mois. J’avais besoin de 4 grammes de 3-MMC par jour et de 4 grammes de cocaïne », a chiffré l’humoriste en audition.

Ces deux jeunes hommes, âgés de 21 et 31 ans, étaient jugés ce 20 novembre devant le tribunal correctionnel de Melun pour « trafic de stupéfiants », aux côtés d’un troisième prévenu, âgé de 22 ans. Un procès sans Pierre Palmade, mais dont le nom ne cessait de revenir dans les débats, tel une balle de Jokari. Au désespoir des avocats de la défense, qui ont voulu ramener ce dossier à une affaire de stups « ordinaire », celui de petits trafiquants sans casier judiciaire, emportés par le tourbillon médiatique.

Pull beige à col roulé, lunettes aux montures transparentes, Karim B., alias « Winterfell », avance à la barre d’un pas peu assuré. Palmade était son meilleur client. Entre le 20 janvier et l’accident mortel du 10 février, ce Franco-Tunisien de 21 ans lui livre de la cocaïne une douzaine de fois. Comment se sont-ils connus ? Pur hasard, assure Karim B. : en janvier 2023, il aurait racheté une carte SIM comportant un portefeuille de clients potentiels, comprenant 25 numéros. Seuls 6 répondront à ses sollicitations, dont Pierre Palmade. Heureux hasard ? « Je ne savais pas qui c’était cette personne. J’ai compris quand j’ai vu les infos », assure Karim B., dont la voix chevrote. À partir de là, il fournit aussi Paul-Alexandre I., un ami de l’humoriste.

Ancien footballeur professionnel au Portugal devenu dealer noctambule à Paris, Karim B. est un de ces « Uber de la drogue »  qui écument la capitale et sa banlieue, acheminant cocaïne ou ecstasy à la demande, en 30 minutes chrono. Des ballons de foot aux pochons de coke : il explique avoir eu des problèmes d’argent, échoué dans sa carrière de footballeur, tenté de monter un salon de massage. Dans la nuit du 3 au 4 février, le dealer amène la Twingo de sa sœur jusqu’au pavillon de Cély, accompagné de son ami d’enfance Moussa S. Là-bas, Karim B. aperçoit les amis toxicomanes de Pierre Palmade en pleine débauche. Ce sera la dernière fois qu’il verra l’acteur.

Sa cocaïne était d’extrêmement bonne qualité : pure, selon les tests, à 94 %… Étrange pour un homme qui se dit novice. « Vous êtes extrêmement chanceux, vous obtenez un portefeuille de stars toxicomanes et vous trouvez un vendeur avec de la coke quasiment pure ! », ironise la procureure. Mais cette pureté serait justement un aveu d’amateurisme, suggère son avocat, Me Grégory Bensadoun : « La plupart des trafiquants coupent le produit pour faire plus d’argent. Vous, vous le prenez pur et la vendez en l’état à vos clients… », lance-t-il au sien. « Je connaissais pas cette pratique », appuie Karim B. « Pour moi c’est de la malchance, j’aurais préféré ne pas avoir tout ça. »

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