Frimeurs des cités : Un trafic de drogue devant la justice à Bobigny

TGI de Bobigny

Sandra, une jeune femme de 23 ans, a été retrouvée morte ligotée dans le coffre de sa voiture à Valenton dans le Val-de-Marne. Le 9 mai dernier, lLe

Des «frimeurs» des cités qui traficotaient pendant leurs vacances à «Malag» ou des as des «go-fast»? Accusation et défense ont livré jeudi des versions opposées des faits qui valent à 12 hommes d’être jugés depuis lundi pour trafic de drogue par le tribunal correctionnel de Bobigny.

Tout part d’un tuyau qui parvient aux oreilles de la police judiciaire parisienne en février 2014: un homme de 37 ans revendrait des stupéfiants à la cité du Londeau, à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis).

En tirant ce fil, les enquêteurs identifient onze personnes âgées de 20 à 37 ans, réparties en deux équipes, l’une basée à Noisy et l’autre à Trappes (Yvelines). A la tête de chacune figurent les deux principaux prévenus au procès.

Fait rare, un grossiste chinois de 41 ans est assis dans le box, à côté de quatre jeunes des cités. Cet habitant de Bobigny est poursuivi pour avoir blanchi jusqu’à un million d’euros d’argent sale.

L’équipe de Noisy est démantelée le 15 juin 2015, quand la police intercepte un convoi remontant d’Espagne, à son arrivée à Paris. A bord de la voiture «porteuse», qui empeste l’herbe malgré les «nombreux sapins désodorisants» accrochés au rétroviseur, 38,5 kg d’herbe de cannabis.

Pour la procureure de la 13e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le doute n’est pas permis: «ce dossier lève le voile sur l’approvisionnement des cités en stupéfiants», depuis leur importation via l’Espagne «jusqu’à l’opération de blanchiment de l’argent de la drogue».

Et d’énumérer les éléments à charge, révélés par 16 mois d’enquête à base d’écoutes et de filatures: les «grosses cylindrées», les «logements» en Espagne, les «plaques d’immatriculation» de rechange, les «voyages de repérage», les «téléphones cryptés», etc.

«Comment peut-on venir soutenir qu’on a fait ça +à la cool+, que ce n’était pas organisé?» s’est interrogée Pauline Bonnecarrere, fustigeant la «nonchalance» de prévenus cherchant à tout prix à «minimiser leur responsabilité».

Il en va ainsi de «l’explication selon laquelle, tous les trois mois, toute la cité va passer un mois de vacances à Malaga et Marbella. Toute la cité qui vit du trafic, vous voulez dire, car toute la cité ne se paie pas des Mathusalem en boîte de nuit et des prostituées», a ironisé la magistrate.

Confrontés aux nombreuses écoutes les mettant en cause, les prévenus n’ont eu de cesse de minorer leur rôle, se présentant comme des «bras cassés», des «amateurs» et des beaux parleurs. Admettant tout au plus se livrer à un «petit trafic local».

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Paris-Normandie – 15 janvier 2017